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Reve et Folie

Georg Trakl "Qui peut-il avoir été". Rilke pose la question. Personne à ce jour n’a su répondre. Drogué, alcoolique, incestueux, traversé par la folie, obsédé d’autodestruction, imprégné de christianisme — père protestant, mère catholique — né en 1887 à Salzbourg il s’engage — en rupture d’études — comme pharmacien militaire en 1910. Il a 23 ans. 4 ans plus tard se déclare en Europe la guerre de 14-18. Le jeune pharmacien-soldat se

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Intérieur

C’est le soir et on voit, à travers des fenêtres, une famille vivre là. Elle semble tranquille. Mais ne s’agit-il pas, au-delà des parois dont ces vivants sont entourés, de rendre visible ce qui se cache à l’intérieur de cette "mer de ténèbres" dont parle Maeterlinck, cette zone faite de cavités secrètes en nous qui semblent inatteignables parce qu’elles dépassent aussi bien la vie consciente que la vie inconsciente. Une cavité

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La Barque le soir

Dans ce texte s’invente un univers vierge parce que se brouillent continûment les frontières : monter et descendre, toucher le fond parmi la vase, émerger à la surface — à peine un quart de visage, le nez seul peut-être. Respiration — très peu d’air — asphyxie — lutte farouche pour l’interrompre.
Ce qu’on ressent, c’est le trouble constant de l’absence de démarcation. "Pas une mort violente, mais une mort profonde, silencieuse."

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Brume de dieu

Parfois à travers la brume c’est une autre qualité de lumière. C’est là, entre ombre et lumière, entre aveuglement et plus grande connaissance, que se situe l’esprit de cette créature ambiguë que Vesaas nomme Mattis dans son livre "Les Oiseaux".
Mattis et son mur de brouillard, c’est le centre du spectacle. Si l’on admet qu’une surestimation de la raison, propre à notre temps et à nos régions, conduit finalement à un

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Ode maritime

« Ô mon passé d’enfance, pantin qu’on m’a cassé »
Comme dans un conte, l’œuvre de Pessoa a dormi dans un coffre où s’entassaient les feuillets qu’il écrivait chaque jour.
Toute reconnaissance — à très peu de choses près — lui ayant été refusée tant qu’il vivait, la découverte d’un des plus grands poètes des temps d’aujourd’hui s’est faite pas le classement et l’organisation de ces pages retenues dans une malle au centre de la chambre

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Homme sans but

Avec Homme sans but, Arne Lygre veut dire que, pour lui, l’humanité n’a aucune véritable finalité.
L’ironie cruelle de cette pièce vient de ce qu’elle travaille sur le "comme si".
C’est comme si mon ombre n’était pas mon ombre, mais celle de quelqu’un d’autre que je paye pour superposer son ombre à la mienne.
Quelqu’un que je paye pour créer une "illusion".
Ainsi pourrait-on créer le "simulacre" d’une famille.
Ce

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Comme un chant de David

L’enfant, avec un seul caillou au fond de sa fronde, vainqueur d’un guerrier colossal couvert d’airain, témoigne d’emblée d’une force autre. C’est 1000 ans avant le Christ. Cet enfant, c’est David, dernier né d’une famille de Bethléem. Il est berger, mais sa victoire en fait un soldat, il deviendra chef militaire et bientôt grand conquérant. Un jour il s’emparera de Jérusalem et, tout près, d’une forteresse du nom de “Sion” où il

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Variations sur la mort

Ainsi Fosse invente un univers vierge en ôtant toute frontière entre la mort et la vie. On voit évoluer des créatures qui tiennent de la nature de l’une et de l’autre, sans que jamais leur statut puisse être bien clairement défini.
C’est d’autant plus troublant - voire subversif - que sont soigneusement brouillés les repères habituels dont nous nous servons pour nous retrouver dans ce que nous croyons être le temps et

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4.48 Psychose

Pièce ou plutôt poème car Sarah Kane, en écrivant ce texte, voulait découvrir comment un poème pouvait quand même être théâtral.
4.48 peut être considéré, selon les propres termes de Sarah Kane, comme
"une dépression chaotique"
"une structure apparemment brisée et schizophrénique qui présente un matériau sans commentaire et demande au public de se fabriquer sa propre réponse".
Comme elle l’a dit pour Manque (sa pièce

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Carnet d’un disparu

Tout séduit et surtout ce qui pourrait rebuter : la durée d’abord si anormalement brève (40 minutes), le minimalisme des moyens, un seul piano pour orchestre, un chœur peu développé et qui doit rester invisible, composé de trois jeunes filles seulement, un ténor, une alto à peine présente, image brouillée, dit Janacek, comme une apparition, et surtout le caractère inclassable de cette œuvre, ni opéra, ni oratorio, pas un Lied

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Melancholia-Théâtre

Vide et création
Michel Cassé, dans Théories du ciel, parle au nom de l’astrophysique. Comment’ne pas penser, dans les termes mêmes, à ce que nous ’ découvrons en cherchant à travailler pour le théâtre.
La physique quantique parle de dématérialisation de la matière, elle parle d’onde de probabilité de présence, de présomptions d’existence. Avec elle on constate le naufrage de la sacro-sainte évidence. On apprend que le vide n’est

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Des couteaux dans les poules

Ici… à ici
Une jeune femme, paysanne primitive, croit en Dieu. Elle veut faire le bien à Ses yeux pour être assurée d’entrer au Paradis. Elle croit s’approcher de Dieu en développant son attention au monde d’avant elle, aux détails de ce que Dieu a créé. Si elle regarde assez longtemps et assez intensément et apprécie pleinement la complexité de la nature, elle sera récompensée avec les mots pour décrire, dit Harrower, qui

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Quelqu’un va venir

Soleil noir
Fragilité mentale. Brumes instables. Étendue des nuits scandinaves.
Où sommes-nous ? Dans quel voyage ? Tendant vers l’Unité — déjà détruite, fissurée à peine on s’est mis en marche ?
Un couple. Une maison abandonnée aux confins de la terre et de l’eau — en bordure de l’infini ? Quel autre avenir vivre là que ce qui fut l’avenir des ancêtres morts dans cette maison ? On sent leurs traces, leur odeur —

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Holocauste

Notre travail se doit d’être parallèle à ce travail d’écriture. Au plus près. Aucune image ne sera montrée. Une, deux ou trois personnes, dans un espace vide, tenteront de restituer aux mots assemblés ce pouvoir créateur déposé en eux : réinventer la matière de la réalité. Parce que ce texte-document accumule des faits, parce qu’il n’en restitue que la nudité essentielle, il semble qu’on voit pour la première fois la matière même de

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La Mort de Tintagiles

Ygraine seule pénètre où les vivants ne pénètrent pas, passe la ligne interdite, au-delà de la dernière marche et communique avec Tintagiles prêt à être absorbé - étouffé - par la force destructrice, le néant noir, mais prêt aussi à passer - si petit - par la fente élargie, prêt donc à renaître après ce passage au domaine des ombres.
Est-ce lui l’initié, est-il l’initiateur ? En tout cas, la fragile membrane de l’inatteignable a été

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La Terrible voix de Satan

Un Oiseau Magique de bon ou de mauvais augure apparaît entre un urinoir et une baignoire de salle de bains, une brouette, une tranchée de terrassier ouverte comme une tombe, terrassier fossoyeur, une tempête en mer, une mutinerie, un naufrage, une plage déserte, un cimetière en haut d’une colline, un champ de navets, un tribunal qui donne la mort, un prêtre fou mais en soutane malgré l’anathème prononcé contre lui.
Satan

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Paroles du Sage

Son corps irradiait. Son visage, à force de fixité, produisait des hallucinations. Je le voyais vieillard, enfant, garçon demeuré, je voyais quelqu’un de brûlé, de blanchi dans un excès de lumière. La lumière était fixe. On croyait qu’elle bougeait. Donc, la vision se transforme dans l’imaginaire. Dans ce visage tout le temps mobile, il y a le mouvement de la bouche, et la délivrance de la parole qui, en effet, traverse le corps.

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Chutes

Comme chaque fois - miais c’est ici une langue très neuve - la mise en scène est dictée par le ton de l’écriture : morcellement et répétitivité, pauvreté et multiplicité des éléments.
Pour la distribution : une foule où se retrouvent des mêmes visages, 22 personnages joués par 16 acteurs, des gens de tous âges à cette limite difficile des gens vrais, des gens de la rue (marginaux, errants, alcooli-ques irlandais, agent de police)

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Le Cerceau

À quarante-sept ans, Slavkine montre la quarantaine de ses personnages. Ils ne trouvent pas de paroles qui soient leurs. Slavkine ne leur en donne pas toujours. Il en emprunte à d’autres, d’autres auteurs, pour eux.
Les souffrances, les espoirs passés de l’Histoire, toujours déçus, ne les brisent pas. Ils ne sont pas désespérés, découragés, meurtris par les luttes, mais sans espérance. Un presque paisible désespoir.

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